MINES LA REVUE DES INGÉNIEURS #520 - JUIN 2023 - 103

Hommage à Jean Cénac (E53)
Par MARCEL DUPONT (E54)
aurait été beaucoup plus difficile à écrire... ou
beaucoup plus court !) Il aimait dire que sa
retraite avait duré plus longtemps que sa vie
active : de fait, 34 ans aux Houillères... et 47
ans de retraite !
La dernière fois que j'ai eu l'occasion de le
voir, ce fut en septembre dernier, alors que,
venu à Paris pour les trente ans de ma Promo
aux Mines, j'allais le lendemain déjeuner avec
lui. Ce clin d'œil à l'École l'aurait sans doute
fait sourire...
Pour conclure, je lui laisse une nouvelle fois la
parole (dans la conclusion du Tome III de ses
Mémoires) : " Au terme de ma vie professionnelle,
je me suis posé bien des questions sur
tout ce passé. Ai-je été heureux dans mon
métier ? Ai-je rendu mon épouse et mes
enfants heureux dans le cadre et le mode de
vie que je leur ai offerts ? Je réponds oui sans
hésiter. " Puisse chacun d'entre nous avoir la
même réponse ! 
Ma surprise et mon émotion furent grandes lorsque son épouse Jacqueline
me fit part du décès de Jean Cénac. Je le connaissais tellement dynamique,
mais la maladie qui l'affectait depuis quelque temps et qui nécessitait un
renouvellement fréquent de son sang a pris le dessus.
Né en 1932 à Tunis où son père était militaire, Jean y connut ses années
d'études primaires au lycée Carnot puis se trouva pour le cycle secondaire
au lycée français de Baden Baden lorsque son père y fut muté en 1945. Il y
passa l'écrit du baccalauréat, l'oral et la préparation aux concours des
Grandes Écoles se faisant à Strasbourg.
Reçu aux Écoles des Mines et à SUPAERO, son choix se porta sur Mines
Saint-Étienne, la plus proche de la nouvelle résidence des Cénac, près de
Bourg-en-Bresse. En première année, pour le traditionnel stage dans les
Mines, Jean opta pour celles du Pas-de-Calais, comme ses copains
nordistes de la " Cafetière " (la réunion journalière après le repas de midi qui
rassemblait André D., René M. et moi). C'est pendant ce séjour professionnel
qu'il fit la connaissance de sa future épouse, Jacqueline.
Pour autant, son choix pour la suite de la formation en deuxième année ne
sera pas la Mine comme l'ont fait les copains, mais la sidérurgie. Après la
troisième année et les 6 mois d'École de Génie à Angers, Jean sera mobilisé
deux ans en Algérie où venait de s'ouvrir le conflit d'indépendance. Durant
son service, il sera confié à Jean la mission de réaliser la synthèse des
informations relatives à l'utilisation d'explosifs durant le conflit.
Toute sa carrière professionnelle se déroulera ensuite au sein de la société
Usinor. Il y mettra consciencieusement en œuvre l'acquis de sa formation
de sidérurgiste. Affecté en premier lieu au service " Études " , il prendra très
vite en charge l'amélioration des procédés de fabrication de l'acier. Il va
devenir, dès 1968, le seul lamineur à froid d'Usinor. Nommé dès lors
responsable de fabrication, il restera toute sa carrière au sein de la
Direction de la société Usinor à Montataire où il mettra en
route la modernisation des installations dont les plus
anciennes avaient 24 ans. Il sera l'instigateur du couplage
Décapage-Laminage, opérationnel dès 1982 qui sera à
l'origine d'importants progrès de productivité. Le fait d'avoir
longuement étudié la lubrification du laminage lui a permis,
entre autres résultats, de résoudre le grave problème de
l'aspect de surface.
Directeur de Montataire dès septembre 1983, c'est au rang de
Directeur technique des usines à froid du Groupe Nord
(Biache, Mardick et Montataire) qu'il va terminer sa carrière.
En juillet 1988, il rejoint l'Association Technique de la
Sidérurgie, lieu d'échange visant à l'amélioration de
techniques sidérurgiques, y compris à l'étranger. Il effectuera
une mission en Chine, qu'il jugera moins excitante et plus
inquisitrice que le voyage au Japon de notre professeur de
Saint-Étienne, Vidal, tel qu'il nous l'avait décrit à son retour
avec beaucoup d'humour.
En résumé, Jean aura effectué une carrière remarquable et très appréciée
au sein du groupe Usinor. Il aura été dès 1974 le Président fondateur de la
commission des lamineurs à froid, où participaient les exploitants de trains
français, belge et espagnol. Il était devenu un grand expert en laminage à
froid.
Parmi toutes les visites qui lui furent rendues, on ne peut manquer de citer
celle du Président de la République, François Mitterrand, le 8 février 1985 à
l'occasion de la réunion des préfets et sous-préfet de Picardie. Il revint en
effet à Jean, l'honneur de guider le Président de l'entrée jusqu'au stock de
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