MINES LA REVUE DES INGÉNIEURS #520 - JUIN 2023 - 60

Trajectoires
LUCILLE VALTON (E12),
COFONDATRICE ET CTO DE GRANNY & CHARLY
GRANNY & CHARLY,
CRÉATEUR DE
CONNEXION
Granny & Charly est un
projet avant tout à impact
social pour offrir des
compléments de revenus à
tout citoyen engagé, pour
transmettre des valeurs
intergénérationnelles,
lutter contre l'isolement
social et l'âgisme et faire en
sorte que chaque personne
accompagnée reste incluse
dans la société.
ment de nos aînés avec le vieillissement
de la population. Vous ajoutez le
nombre d'étudiants qui cherchent à
effectuer des jobs plus porteurs de
sens, et l'idée était là !
Bonjour Lucille, tu as récemment
fondé Granny Charly, peux-tu nous
en dire plus ?
Oui bien sûr ! L'entreprise met en relation
des étudiants (les Charly) avec des
personnes âgées (les Granny) dans le
but de leur apporter de la compagnie et
de l'aide au quotidien. Notre aventure a
commencé fin 2020 et nous comptons
aujourd'hui plus de 16 000 jeunes inscrits
sur la plateforme à travers le territoire.
Les profils sont divers, il y a des
étudiants, des jeunes actifs et nous
souhaitons développer également le
nombre de jeunes retraités. L'idée est
venue d'un constat : il y a un immense
déficit d'auxiliaires de vie en France et
des besoins croissants d'accompagneAs-tu
une anecdote justement sur
un binôme Granny & Charly ?
Oui ! Il y a beaucoup de très belles histoires,
une que je trouve assez révélatrice
de notre état d'esprit est celle d'un
ancien vétérinaire, passionné par la
culture hispanique. Nous l'avons mis en
relation avec une étudiante colombienne
en biologie. À l'origine, il devait
faire des exercices cognitifs, mais le
simple fait d'échanger en espagnol sur
des sujets qui les passionnent tous les
deux a un impact incroyable sur sa
santé ! Aujourd'hui, des échanges réguliers
se sont instaurés et cela représente
un vrai bénéfice pour ce monsieur, mais
également pour l'étudiante qui retrouve
comme une petite famille en France.
Avant la création de ton entreprise,
de quoi avais-tu peur ?
Je ne pourrais pas parler de peur mais
plutôt d'une certaine appréhension par
rapport au passage du salariat à l'entrepreneuriat.
Ce statut a tendance à être
précarisé en France en particulier pour
l'obtention de crédit auprès des
banques ou même d'un simple logement.
C'est une des raisons pour lesquelles
j'ai préféré être salariée en
début de carrière.
MINES_LA REVUE DES INGÉNIEURS
60
#520_JUIN_2023
Quelle a été ta plus grosse surprise
après le lancement de ta société ?
J'ai été très surprise au bout d'un an de
constater que ma vie n'avait pas fondamentalement
changé depuis le début
de l'aventure entrepreneuriale. Pour
autant, je ne me vois pas revenir au salariat.
Je suis trop attachée à la liberté que
procure l'entrepreneuriat ! Non pas que
j'y fasse ce que je veux, bien au contraire,
mais j'ai plus de flexibilité sur les sujets
que je traite et j'ai surtout le sentiment
d'apporter de la valeur ajoutée et d'être
au service de la société.
Qu'est-ce que la formation aux
Mines t'a apporté ?
La particularité de l'entrepreneuriat visà-vis
des postes plus managériaux que
j'ai pu occuper en sortie d'école est sans
aucun doute l'aspect opérationnel. Il
faut être capable de gérer une multitude
de projets sur des sujets très
variés. De ce point de vue ma formation
en informatique a été un vrai bol d'oxygène
tant ce domaine est aujourd'hui
prépondérant dans mon quotidien.
Au-delà de cette spécialisation, les
modules de création d'entreprise à
l'école avaient déjà déclenché en moi
cette fibre entrepreneuriale qui a mûri
et m'a conduit à me lancer 6 ans plus
tard. 
https://grannycharly.fr/
MINES LA REVUE DES INGÉNIEURS #520 - JUIN 2023

Table des matières de la publication MINES LA REVUE DES INGÉNIEURS #520 - JUIN 2023
