Cultures marines n°335 - 32

32 DOSSIER

Captage
Brest

Un captage pléthorique

Bruno Saussier

es graphiques de températures du réseau Vélyger sont éloquents : la rade
de Brest a connu un été 2019 presque
intégralement au-dessus des normes. « Au
fond de la rivière de Daoulas, on a enregistré
des moyennes journalières à 24 °C. La moyenne
la plus haute sur ce secteur depuis l'existence du
réseau en 2007 », relate le biologiste marin
Stéphane Pouvreau, de la station de l'Ifremer d'Argenton (Finistère). Des condi-

tions très favorables au recrutement chez
l'huître creuse.
Logiquement, l'abondance de larves
grosses a été pléthorique au mois d'août.
« Plus de 1 000 larves par m³ d'eau sur la rivière
de Daoulas, et jusqu'à 10 000 à Lomergat, un
secteur qui joue les concentrateurs depuis des
années et où les professionnels font un très bon
travail. » Autre facteur de réussite pour le
cru 2019 : la date de ponte a été plutôt

Malgré les
tempêtes, le
naissain a tenu sur
les coupelles de
Logonna-Daoulas.

précoce, entre mi et ﬁn juillet, permettant
aux larves d'arriver au moment où l'eau
est la plus chaude.
PETIT NAISSAIN

Avec d'aussi bons auspices, il était clair
que le recrutement serait fort sur les coupelles de captage de la rade de Brest. 700
naissains par coupelle à Daoulas, 2 500 sur
l'Aulne et 1 300 sur le Faou. « Au-dessus de
500, c'est beaucoup. A contrario, plus il y en a
et moins ils poussent facilement. Ce sera sans
doute du petit naissain. »
Une inquiétude tempérée par les professionnels de la rade de Brest qui, après
les nombreuses tempêtes d'hiver et de
printemps, ont fait les comptes à quelques
semaines du détrocage. « Le naissain tient »,
assure Julien Coïc, dont les concessions de
la pointe du Château, à Logonna-Daoulas,
abritent les coupelles tests de l'Ifremer.
Sur les 1 500 larves relevées sur ses coupelles en octobre, il en reste aujourd'hui
environ 200. « Le naissain n'est pas plus résistant que celui de Charente ou d'Oléron, mais
les rescapés ne sont pas plus faibles non plus. »
Bruno Saussier

Quiberon

Vilaine

Les plates recouvrent les coupelles

Un captage bien fourni

our la troisième année consécutive, le
captage des huîtres plates en baie de
Quiberon s'est montré très satisfaisant
l'an dernier. Chargée du suivi du premier
bassin naisseur d'Ostrea edulis en France,
Hélène Cochet a relevé une moyenne de
plus de 120 naissains par coupelle. « Avec un
été très chaud et assez peu de vent, les conditions
étaient optimales pour une belle ponte et une
ﬁxation des larves, particulièrement en juillet, et
au-delà même du captage pléthorique de 2015 »,
relève la biologiste sans préjuger du bon
maintien des naissains durant les tempêtes
hivernales alors que les naisseurs de la baie
de Quiberon, une douzaine de producteurs,
s'apprêtent à relever leurs cages au début du
printemps.
Après des recrutements autour de 80
naissains par coupelle en 2017 et 2018, ce
cru exceptionnel tend à conﬁrmer un reCultures marines n°335 Avril 2020

tour en force de l'huître plate sur nos étals.
Un bémol cependant pour Hélène Cochet,
la douceur de l'hiver n'est pas forcément un
bon présage : « On peut craindre cette année
des pontes précoces alors que les températures ne
sont pas stabilisées. Le fait que les professionnels
s'entendent depuis quelques années pour ensemencer les bancs amodiés de géniteurs avec 1 %
de leur captage participe toutefois à une bonne
dynamique. »
Le renouveau de l'huître plate est également conforté par le programme Forever qui
participe depuis trois ans à mieux identiﬁer et
réactiver ses gisements naturels en Bretagne.
Cette espèce indigène dont la production annuelle était tombée à quelque 2 000 tonnes
attend désormais de retrouver toute sa place
sur des marchés où les consommateurs l'ont
peu à peu oubliée.
Bertrand Tardiveau

Faute d'un captage consistant d'une saison à l'autre, le bassin de l'embouchure
de la Vilaine demeure avant tout une
source d'approvisionnement secondaire
en naissain d'huîtres creuses. Recouvrant
des anciennes concessions de moules de
bouchot, le secteur est soumis à un envasement important. Les bonnes années,
il participe à compléter les poches ostréicoles d'une dizaine de professionnels du
Tour-du-Parc et de Surzur.
Après des résultats faméliques en 2018
avec sept naissains par coupelle, l'année
2019 s'est révélée beaucoup plus favorable,
avec un recrutement d'environ 125 naissains par coupelle. « C'est une moyenne
satisfaisante qui autorise une belle marge de
croissance pour les juvéniles sur leur collecteur »,
souligne la biologiste, Hélène Cochet.
B. T.

Cultures marines n°335

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