Cultures marines n°339 - 28

28 DOSSIER

Dégustation
en Charente-Maritime, trois textes de
2013, 2015 et 2019 pour la Méditerranée
- Leucate, Thau, anse Carteau...

Loïc Fabrègues

CODE APE

Une charte nationale est en cours d'écriture
pour mieux déﬁnir la dégustation.

Réglementation

Un cadre national à préciser
Si le Comité national de la conchyliculture plaide pour un arrêté
ministériel, le gouvernement, lui, demande aux professionnels
de rédiger une charte.
uelques tables, des parasols,
et une vue imprenable sur la
ria d'Étel. Pierre-Fernand et
Laurence Guyomard viennent
d'aménager cet été une jolie terrasse
face à leurs parcs ostréicoles. Depuis dix
ans, de nombreux professionnels ont fait
ce choix de la diversiﬁcation. Aujourd'hui
encore, les espaces de dégustation conti-

nuent de ﬂeurir sur le littoral morbihannais et ailleurs.
L'activité est parfois encadrée localement : un arrêté préfectoral vieux de
2011 en cours de réécriture à Arcachon,
une réglementation datant de 2015 dans
le Morbihan, une charte de dégustation signée en 2019 pour les Pays de la
Loire, une autre plus ancienne (2015)

Le Comité national plaide pour un texte
national qui puisse « clariﬁer les choses »,
explique Philippe Le Gal, son président.
Si la dégustation attise parfois les tensions
avec les restaurateurs voisins, voire au
sein même de la profession, les conchyliculteurs craignent aussi que cette activité
ne leur échappe. Ils ont donc demandé
au gouvernement de prendre un arrêté
pour spéciﬁer que la dégustation de produits conchylicoles ne puisse être exercée
que par une entreprise déﬁnie comme
telle par son code APE et disposant d'une
autorisation d'exploitation de cultures
marines. Mais le gouvernement estime
qu'une délibération du conseil du CNC
devrait sufﬁre.
Le ministère rappelle au passage que
« l'espace du domaine public maritime
est concédé aux conchyliculteurs pour la
production primaire avant tout » et que « la
dégustation doit rester le prolongement d'une
activité de production ».
Il propose aussi aux professionnels
de mettre sur pied un « véritable guide
professionnel ou charte nationale ». En cours
d'écriture. Et de modiﬁer le code rural
et de la pêche maritime pour « préciser le
champ et le caractère minoritaire des activités
situées dans le prolongement de l'activité de
production ». Charge ensuite aux préfets de
détailler les règles, et éventuellement de
mettre en place des conditions plus restrictives ou des dérogations temporaires.
Marion Larronde-Larretche

[ Des ventes estivales réussies

es ostréiculteurs attendaient l'été avec
impatience pour rattraper un premier
semestre de disette. Ceux du littoral ont été
comblés. Les Français n'ayant pas pu partir
à l'étranger ont exploré les côtes métropolitaines et se sont régalés de coquillages.
« Les dégustations comme les marchés littoraux
ont très bien fonctionné, souligne Philippe Le
Gal, président du CNC. Les triploïdes se sont
très bien vendues. Après le 15 août, il n'y en avait
plus. »
Si les restaurateurs des grandes villes
comme Paris ont fortement souffert de

l'absence des touristes étrangers, le Covid19 vient rappeler aux ostréiculteurs que la
période estivale « est très importante, insiste
Philippe Le Gal. C'est là qu'on a des choses à
faire pour la pérennité de nos entreprises. »
TOURISTES

Ostréiculteur du Morbihan, le président
du CNC sait de quoi il parle. Dans cette
région prisée des touristes, les offres
de dégustation ont poussé comme des
champignons ces dix dernières années.
Certains, n'ayant pas bien mesuré les in-

vestissements nécessaires ou la surcharge
de travail inhérente, s'y sont cassé les
dents. Il ne sufﬁt pas d'une côte touristique pour ouvrir un espace de dégustation pérenne et rémunérateur, tous les
conchyliculteurs n'ont pas une cabane les
pieds dans l'eau où faire venir les clients
et des appétences pour la vente directe.
Mais quand les conditions sont réunies,
l'activité de dégustation peut devenir une
vraie planche de salut. Les ostréiculteurs
de Bretagne sud, du bassin d'Arcachon et
de Méditerranée en savent quelque chose.

Cultures marines n°339 Septembre 2020

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[ Tit eclaira
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