Revue Droit & Littérature - Revue Droit & Littérature N°7-2023 : Notre Péguy - 192

VARIÉTÉS
visés : la « flagrance »28
rogatoire »29
« mise en examen »30
au sens de l'article 53 du Code de procédure pénale et la « commission
au sens de l'article 151 du même Code. Les suspects peuvent faire l'objet d'une
, voire d'un placement en « détention provisoire »31
.
Il serait imprudent de déduire de ces différents exemples que tous les éléments juridiques disposés
dans les textes de Fred Vargas reflètent fidèlement la réalité. Nombreuses sont en effet les
erreurs de droit et les lacunes procédurales.
La première erreur à souligner est assez grossière et porte sur la définition du meurtre. Aux dires
du commandant Adrien Danglard, pourtant doté d'une culture phénoménale, « un meurtre est un
assassinat prémédité »32
. Or, la définition figurant dans l'article 221-3 du Code pénal est exactement
inverse : un assassinat est un meurtre prémédité. Les autres erreurs ont trait à la procédure pénale
dans sa dimension technique ; les non-spécialistes peuvent légitimement s'y égarer. Par exemple, il
est peu plausible que le commissaire Adamsberg sollicite le « substitut » pour obtenir des « mandats
de perquisition »33
. En droit français, les perquisitions peuvent être effectuées par un officier
de police judiciaire en dehors de tout « mandat », soit dans le cadre d'une enquête de flagrance
(articles 56 et suivants du Code de procédure pénale) soit dans le cadre d'une enquête préliminaire
(article 76 du Code de procédure pénale). Il s'agit d'un pouvoir propre d'investigation du policier.
Deuxième exemple : Danglard - toujours lui - indique la possibilité de recourir à un « détecteur de
mensonges »34
polygraphe, n'est pas autorisé dans le procès pénal français35
. Malheureusement pour la crédibilité de l'anecdote, ce type d'appareil, encore appelé
. Troisième exemple : le commissaire
Adamsberg évoque l'éventualité de son extradition depuis la France36. L'État français, cependant,
n'extrade pas ses nationaux, comme le rappelle l'article 696-2 du Code de procédure pénale.
Par ailleurs, certains pouvoirs procéduraux ne sont pas attribués à leurs véritables titulaires :
non, la mise en détention d'un suspect n'est pas ordonnée par le parquet37
, elle résulte d'une
décision prononcée par le juge des libertés et de la détention saisi par le juge d'instruction ou par
le procureur de la République (articles 145 et 396 du Code de procédure pénale) ; non, le juge
d'instruction n'est pas saisi par le commissaire divisionnaire38
, mais par le procureur de la Répulaisse
songeur
blique ou par la partie civile (article 51 du Code de procédure pénale). Enfin, le fait qu'un juge
d'instruction soit tiré du lit pour « autoriser » une mise en examen par téléphone39
au regard des exigences de l'article 80-1 du Code de procédure pénale.
28. V. Fred Vargas, Quand sort la recluse, op. cit., p. 142.
29. Ibid., p. 48, 137, 141 et 397.
30. V. Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, op. cit., p. 269 et 274.
31. V. Fred Vargas, L'armée furieuse, op. cit., p. 422 et 430 ; Quand sort la recluse, op. cit., p. 70.
32. V. Fred Vargas, Temps glaciaires, Paris, J'ai Lu, 2021, p. 31.
33. V. Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, op. cit., p. 264. V. aussi Fred Vargas et Baudoin, Les quatre fleuves, Paris, Viviane Hamy,
collection « Chemins nocturnes », 2000, p. 193.
34. V. Fred Vargas, Un lieu incertain, op. cit., p. 205.
35. V. Jean-Raphaël Demarchi, Les preuves scientifiques et le procès pénal, Paris, LGDJ - Lextenso éditions, collection « Bibliothèque des
sciences criminelles », t. 55, 2012, p. 179.
36. V. Fred Vargas, Sous les vents de Neptune, Paris, J'ai Lu, 2020, p. 404-405.
37. Ibid., p. 171.
38. V. Fred Vargas, Un lieu incertain, op. cit., p. 82.
39. V. Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, op. cit., p. 274.
192 Droit & Littérature - Numéro 7
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