SIGMAG - N°33 - Juin 2022 - 23

DOSSIER
avons à notre disposition, explique
Thomas Montagne, géomaticien
à Vélo et Territoires depuis 2011
et responsable de l'Observatoire
national des véloroutes et voies
vertes. Cela permet aux collectivités
qui veulent se doter d'un Schéma
de travailler sur une base solide.
Elles visualisent les itinéraires
déjà en place afin de permettre
des connexions avec les autres
territoires. La géomatique est
devenue de plus en plus importante
pour la compréhens i on des
données, mais aussi parce que les
collectivités demandent vraiment
un sui v i au ni veau nat iona l .
Elles veulent donc des données
interopérables pour pouvoir mettre
en place des modèles de données ».
Depuis deux ans, l 'association
propose ainsi plusieurs modèles
de données SIG sur
des aménagements cyclables,
le st a t i o n n eme nt vé l o, le s
équipement s, mais aussi
les
données de comptage. Militant
depuis plusieurs années pour
la mise en place de standards
communs, Vélo et Terr i toires
travaille aussi au déploiement
d'une plate-forme interopérable
entre les différents contributeurs
d'EuroVelo, le réseau des véloroutes
européennes. Le projet comporte
17 itinéraires cyclables européens
répar tis sur tout le continent .
Cela représente 91.500 km, dont
45 000 km sont déjà développés,
en traversant 42 pays. La France
est concernée par 10 EuroVelo,
soit 8.820 km et 93 % ont déjà été
réalisés. Problème : tout le monde
ne parle pas le même langage.
« L'ensemble des itinéraires est
visualisable sur la plate-forme
web EuroVelo, mais elle n'est pas
interopérable avec la nôtre, regrette
Stéphanie Mangin, responsable
du pôle Observation au sein de
Vélo et Territoires. En ef fet, au
niveau européen, les itinéraires
ne sont pas tous référencés de la
même manière. En France, nous
définissions les grands axes en
les qualifiant de manière précise,
notamment en indiquant si les
voies sont en site propre ou en
site partagé. Ce n'est pas le cas
d'autres pays contributeurs qui ne
disposent pas toujours de services
géomatiques structurés. Nous
le sui v i
LE MORBIHAN MISE SUR LE CYCLOTOURISME
On le sait peu, mais David
Lappar tient, le Président du
département du Morbihan (56)
est aussi depuis 2017 celui de
l'Union Cycliste Internationale.
Da ns ce dépa r t eme nt, la
problématique cyclable est
désormais remise au goût du
jour pour repenser le transfert
modal et, par exemple, gérer
les itinéraires domicile /travail
pour désengorger le réseau
routier. Le Département a confié
à arx iT une mission d'assistance
à la maîtrise d'ouvrage pour
plancher sur le projet de cyclotourisme « Destination Bretagne Sud Golfe du Morbihan ».
Né d'un conventionnement entre les sept EPCI (établissement public de coopération
intercommunale) du littoral et les six des îles du département du Morbihan, le projet financé
pour moitié par la région Bretagne est porté par l'Agglomération de Vannes qui héberge les
salariés dans ses locaux. Son objectif : mutualiser un outil de gestion des infrastructures en
partageant une même base de données de manière à faciliter l'entretien et améliorer l'offre
d'itinéraires touristiques cyclables.
Un inventaire des données départementales décrivant les infrastructures sur l'ensemble du
département a donc été conduit par arx iT afin de réfléchir à une planification pluriannuelle
de soutien aux EPCI et de financement des aménagements. Une tâche complexe. Quand le
cabinet de conseil en géomatique se met à la tâche, il s'aperçoit que les données récoltées
sont très hétérogènes et incomplètes. Si certains EPCI comme les agglomérations de
Vannes ou de Lorient ont leurs données à jour, d'autres n'ont qu'une connaissance à minima
de leur réseau. Il faut dire que contrairement à Lorient qui possède un service géomatique
animé par 13 salariés capables d'aller chercher de la donnée sur le terrain, certaines
communautés de communes ne possèdent même pas de service voirie. Toutefois, en
croisant des données anciennes notamment recherchées auprès de la DDTM (Direction
départementale des Territoires et de la Mer) du Morbihan, mais aussi des informations
recueillies sur le terrain, une base de données avec restitution cartographique a pu, in
fine, voir le jour. « Avoir une connaissance homogène et partagée du réseau cyclable
existant a permis de monter une base de données mutualisée sur l'ensemble des EPCI afin
d'alimenter des applications destinées aux usagers comme Geovelo, explique Xavier Piot,
consultant senior et responsable du pôle conseil chez arx iT. La mise à jour du système
permet une consolidation de données notamment sur l'état de l'infrastructure, les aires de
stationnement, de gonflage de pneus ou encore les aires de pique-nique.
Le second objectif de cette plate-forme est de faciliter l'entretien et la gestion du réseau afin
de programmer des travaux d'amélioration. Le véritable enjeu, c'est l'interconnexion entre
les itinéraires qui permettent par exemple de relier un parcours vélo et un parcours culturel.
Le SIG prend ici toute sa place puisqu'il va permettre de croiser
des informations sur la fréquentation des sites et les flux
cyclables pour planifier des travaux et des aménagements
pour les orienter. Avec la restitution cartographique, le SIG
permet de mieux optimiser les itinéraires pour que l'usager
soit satisfait ». Reste un écueil : dans les collectivités, les
chargés du développement touristique n'ont pas pour mission
de travailler sur l'objectif mobilité douce, laquelle concerne
davantage les itinéraires travail/domicile. Ce manque de
dialogue entre les thématiques d'usage est un frein en termes
de planification des investissements. D'où l'intérêt redoublé
du SIG. « Le responsable SIG fait souvent le lien entre des
services pour développer la pratique du vélo. Cela confirme
encore une fois le rôle transversal et fédérateur du SIG dès
lors que l'on parle de numérique et de base de données ».
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