Cultures Marines n°338 - 38

38 DÉCRYPTAGE

Surveillance sanitaire

Un suivi commun entre deux CRC
Lorsque l'Ifremer a arrêté les prélèvements sanitaires en baie de L'Aiguillon, le
CRC des Pays de la Loire a tenté de prendre le relais. C'est auprès de ses collègues
charentais qu'il a trouvé la solution.

'est la course pour Francis
Bédis et Félix Ansart du CRC
de Charente-Maritime. Sur
leur bateau, ils ﬁlent à toute
allure entre deux points de prélèvements du sud au nord du département et dans la partie vendéenne
de la baie de L'Aiguillon depuis avril
dernier. Ils sont chargés de recueillir des échantillons d'huîtres et de
moules chaque lundi pour les faire
analyser dans le cadre du Réphytox,
le réseau de surveillance des phycotoxines, et un lundi par mois pour
le Rémi, le réseau de surveillance
microbiologique.
Depuis le 31 décembre 2017,
l'Ifremer n'assure plus ces prélèvements sanitaires. Le CRC de
Charente-Maritime s'est tout de
suite donné les moyens nécessaires
pour poursuivre ces tournées. Mais
dans les Pays de la Loire, ce n'est
pas si simple, le CRC ne dispose pas
des mêmes capacités logistiques.
Après une année à s'être adressé à
des sous-traitants pour effectuer le
suivi sanitaire en baie de L'Aiguillon,

le CRC des Pays de la Loire s'est ﬁnalement tourné vers son voisin
charentais. En contrepartie des indemnités versées par l'État pour la
réalisation de ces prélèvements, le
CRC charentais, son bateau et son
équipage réalisent les prélèvements
Rémi sur sept points, dont un commun dans la baie de L'Aiguillon. Pour
le Réphytox, ce sont les mytiliculteurs vendéens qui doivent
LE BINÔME
se charger des échantillons.
DOIT ÊTRE
Pour autant, Francis Bédis
RAPIDE DANS
et Félix Ansart se rendent
SA TOURNÉE.
compte qu'ils peuvent intégrer aussi ces prélèvements à leur
tournée et ils le font dès que c'est
possible.
Si le binôme ne traîne pas pour
effectuer l'ensemble de sa tournée, c'est parce que le temps lui
est compté. La collecte des échantillons doit être effectuée le lundi,
à marée descendante. Alors pour
eux, on oublie les horaires de bureau. « Il faut impérativement que
l'ensemble des prélèvements soient rapportés au laboratoire au plus tard le

mardi à 9 h 30 grand maximum car les
analyses prennent beaucoup de temps»,
explique Francis Bédis.
TROIS JOURS

›

Sandrine Pelletier

Félix Ansart et Francis Bédis ont intégré en avril dernier les prélèvements
pour les mytiliculteurs vendéens de la baie de L'Aiguillon.

Le timing est serré car le bulletin
de l'Ifremer est diffusé dès le jeudi
matin. Le délai peut parfois paraître
un peu long entre les prélèvements
du lundi matin et les résultats des
analyses du jeudi. « Ça veut dire que
sur trois jours il n'y a pas d'informations. Pendant ce temps-là, les professionnels continuent de pêcher et on peut
leur dire le jeudi midi qu'il faut tout
arrêter car les résultats des analyses
sont mauvais. Dans ce cas-là, il faudra
récupérer toute la marchandise pêchée
depuis le lundi matin et la détruire, si
elle n'a pas déjà été expédiée », ajoute
Francis Bédis. Tous les résultats de
ces surveillances sanitaires sont disponibles sur l'application Qualité
Coq.
Quand ils sont sur les sites de
prélèvements, Félix Ansart et
Francis Bédis ont des gestes bien
rodés. Ils récupèrent les échantillons d'huîtres ou de moules qu'ils
déposent dans un sachet fourni
par le laboratoire rochelais effectuant les analyses, puis ils doivent
respecter un protocole très cadré.
« On a des ﬁches de prélèvements bien
détaillées avec la position GPS du point
concerné, la date, l'heure et la température de l'eau ou de l'air. Si les produits
sont encore immergés on prend la température de l'eau et s'ils sont hors de
l'eau on prend la température de l'air.
Une fois au laboratoire, le laborantin
reprend la température au moment du
dépôt des échantillons, il l'inscrit sur la
ﬁche avec la date, l'heure, on voit ainsi
si on a bien respecté la chaîne du froid.
Entre l'heure du prélèvement et l'heure
de réception au laboratoire, il faut être
en dessous de la température de prélèvement. Au-delà de quatre heures, il
faut être en dessous de 10 °C », précise Félix Ansart.
Sandrine Pelletier

Cultures marines n°338 Juillet-août 2020

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