Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014 - 32

Dossier

Créer une École
interprofessionnelle
en Santé

La création d'une Ecole interprofessionnelle de Santé, l'ESi3S, répond au besoin de construire
des chaînes innovantes de création de valeurs se rapportant à la santé et la bioéconomie.
Ses promoteurs, professionnels médicaux, de l'ingénierie et du management, ont pour certains,
une expérience de plus de 30 ans de notre système de santé, soit un cycle complet de son évolution
intergénérationnelle.

I

ls ont une pratique des différents acteurs
de ce système : les réseaux professionnels et structures académiques, les organisations de soins ou services privées et
publiques, les industries et les institutions.
Ils ont l'ambition de faire de cette École un
acteur reconnu dans une économie du savoir
en pleine recomposition.

La Santé, enjeu de départ
du 21e siècle
C'est devenu maintenant une évidence largement partagée : la santé est un des grands
enjeux du XXIe siècle. Mais avons-nous la
même conception de cet enjeu alors que les
uns la voient comme une charge et les autres
comme un produit ?
Louis Gallois dans son Pacte pour la compétitivité de l'industrie française, définit trois
priorités : les technologies génériques, la
santé et l'économie du vivant, la transition
énergétique.
Pour l'Ecole Centrale Paris, la santé avec les
biotechnologies constitue un des sept enjeux
du XXIe siècle avec l'énergie, l'environnement, l'information et la connaissance, les
territoires et le bâtir durable, les transports et
la mobilité, les mutations économiques.
On le comprend d'autant mieux que la santé,
c'est à la fois le bien-être et les pathologies
aux différents stades de la vie. La santé met en
rapport l'éducation avec la famille, le travail
et l'autonomie. Avec cette vision non réductrice, on voit que les enjeux et priorités précédents sont interdépendants et s'enchaînent
les uns avec les autres.
Si l'on rapproche les conceptions d'une part
du Pacte proposé par Louis Gallois, diplômé
de grandes écoles de management (HEC
et ENA) et d'autre part de l'Ecole Centrale
Paris, grande école d'ingénieurs, la santé

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avec la bio économie est bien notre premier
défi dans une transition énergétique de la
société allant de pair avec les innovations
technologiques.
C'est encore plus évident avec le programme
de recherche et d'innovation de l'Union Européenne Horizon 2020, qui fait de la santé,
du changement démographique et du bienêtre d'une part, de la bio économie d'autre
part (produits alimentaires et autres produits
d'origine biologique), les deux premiers défis
sociétaux à relever.
Nous allons nous intéresser à un des acteurs
majeurs de la création de valeurs en santé et
bio économie, celui qui se régule par l'économie du savoir entre économie de marché et
économie administrée.

La Santé au cœur
de l'économie du savoir
La dualité de l'enseignement supérieur français entre grandes écoles et établissements
universitaires, loin d'être un inconvénient
comme on l'entend parfois, est un avantage
décisif dans une économie du savoir intégrant les connaissances avec les compétences,
les disciplines avec les professions. La santé,
à la jonction de ces deux approches, permet
de bien comprendre cet avantage et d'en tirer
les conséquences.
La santé est un sujet d'étude pour chacune
des grandes disciplines : lettres, langues et
arts ; sciences humaines et sociales ; technologie et sciences (biologie, physique, chimie,
mathématique ou informatique) ; gestion,
économie et droit. Elle donne une unité à ces
quatre champs disciplinaires des universités.
La santé se décline entre les professions
médicales, mais aussi de l'ingénierie et du
management, donc trois des plus grandes
écoles professionnelles.

Il est remarquable de constater que les écoles
de médecine, pharmacie, odontologie,
maïeutique et médecine vétérinaire, sont
des grandes écoles professionnelles qui s'intègrent à des degrés différents aux établissements universitaires.
En observant que les écoles normales supérieures sont à l'interface entre les disciplines
et les professions en formant des professionnels de l'enseignement, il apparaît évident
qu'il faut promouvoir la coopération entre
les écoles doctorales, les écoles normales
supérieures et les grandes écoles.
Ceci permettra tout à la fois d'ancrer l'enseignement supérieur sur les réseaux professionnels et interprofessionnels en prise
directe avec la réalité des métiers exercés, et
d'augmenter le nombre de diplômés. C'est la
meilleure voie pour accroître notre compétitivité au niveau international et développer nos performances nationales.
Pour soutenir une telle approche de l'enseignement supérieur, le renforcement des
réseaux professionnels et interprofessionnels
sur lesquels ces différentes écoles s'appuient,
est une nécessité. Dans l'encart « Dynamique
de développement continu des professions
concourant à la santé », nous détaillons les
initiatives prises par ces grands réseaux pour
se renforcer et se fédérer, en partant de ce que
font actuellement les professions et spécialités médicales. Et dans l'encart « L'incubateur
Centrale Santé » nous montrons l'apport
majeur de la Communauté centralienne à
une approche interprofessionnelle de haut
niveau de la santé.
L'enjeu de la santé est donc en train de bouleverser l'organisation des connaissances et
compétences dans une économie du savoir
qui devient déterminante dans chaque pays
et à l'échelle européenne et mondiale. Le
Centraliens no632 [mars/avril 201
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Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014

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