Justice et politique : la déchirure ? syndicat ou un parti. Alors que la question de la liberté syndicale a fait débat au Maroc et a divisé le gouvernement, le roi a pris position sur cette question en 200423 en déclarant que les magistrats ont trois institutions pour exercer intégralement leurs droits citoyens : le Conseil supérieur de la magistrature, l'Amicale hassanienne des juges et la Fondation Mohammedia pour la promotion des œuvres sociales de la famille de la justice. Il avait ajouté que « tout exercice des droits en dehors de ces institutions est de nature à compromettre son indépendance et son impartialité (celles du juge) »24. Au Canada, la Cour suprême25 a posé le principe général voulant que l'indépendance judiciaire comprenne l'impartialité institutionnelle des juges. Le juge doit être placé, pour exercer sa fonction de tiers, dans un environnement institutionnel tel qu'une personne raisonnable et bien informée ne pourrait le percevoir comme partial. Le devoir de réserve des juges est reconnu par la Cour suprême comme un élément fondamental de l'indépendance judiciaire. Il est nécessaire que le juge reste à l'écart des remous et des controverses. Ce devoir de réserve s'exerce en public et porte sur les débats politiques. Le devoir de réserve s'applique aussi aux commentaires controversés que le juge peut être amené à faire dans l'exercice de ses fonctions26. Dans une 23. Discours prononcé à l'occasion de l'ouverture du Conseil supérieur de la magistrature. 24. Sur cette question, cf. N. Bernoussi et A. El Maslouhi, op. cit. 25. Décision Ruffo c/Conseil de la magistrature de 1995. 26. Cela concerne par exemple un juge ayant pris position sur un projet de loi fédérale visant le contrôle des armes à feu. 164