Hors collection - Droit de la « guerre atypique » - 133

Les figures du droit de la guerre atypique
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Les « juristes », avocats, juristes d'entreprise, arbitres, lobbyistes, etc., constituant
ce que l'on peut résumer les juristes d'affaires, auxquels il faudrait ajouter les
comptables, les conseils fiscaux, etc., mais aussi ceux des différentes composantes
de l'État, les legads, les juristes du SISSE, ceux de l'OFAC, de l'ANSSI (Agence
Nationale de la Sécurité des Système d'Information), etc., sont également des
acteurs de première importance, peut- être insuffisamment soupçonnés en France,
dans la mesure où ils ont la charge de mettre en œuvre l'ensemble des opérations,
les stratégies juridiques offensives ou défensives, l'organisation et la solution des
contentieux, etc. La culture juridique offensive des contentieux internationaux,
principalement anglo- américaine, n'est d'ailleurs pas nécessairement corrélée à
la puissance économique des États- Unis, mais bien plus à une culture juridique
particulière, bien moins ostensible en France par exemple90
. Les juristes d'affaires
sont en mesure d'envisager, de manière globale, le traitement de litiges complexes,
associant, dans une culture juridique spécifique, des avocats, des arbitres, des
magistrats, des juristes des administrations.
L'outil juridique majeur que constitue le droit français de l'arbitrage international
par exemple, reconnu comme le plus favorable à l'arbitrage au monde et,
sans doute, le plus abouti dans le traitement des questions soulevées en matière
d'arbitrage ou de gestion des litiges complexes est à considérer, par comparaison
avec d'autres droits, mais également la « culture arbitrale » partagée par l'ensemble
des arbitres, quelle que soit leur culture juridique propre ou leur nationalité91
.
Se pose, d'une manière générale, la question de la protection de l'activité de
ces « juristes », celle des avocats étant garantie, sans doute aussi celles des juristes
90. Pour autant il existe assez peu d'études s'intéressant à l'activité des juristes et des jusristes d'affaires
en particulier (v. cependant, L. Gueguen, L'invention du droit des affaires. La construction doctrinale
d'un savoir spécialisé alliant la rationalité gestionnaire au langage juridique, Th. Sce po., Paris I, 2005,
D. Iweins, L'influence insoupçonnée des avocats d'affaires, Enrick Editions, 2019, C. Barszcz, « La typologie
de la profession d'avocat : l'exemple des avocats d'affaires », in Les avocats, Pouvoirs, 2012/1, p. 21,
A. Vauchez, « L'avocat d'affaires : un professionnel de la classe dirigeante ? », in Comment les dominants
dominent ? Savoir- agir, 2012/1, p. 39, F.-Ch. Jeantet, « Le rôle de l'avocat, conseil des sociétés », La vie
judiciaire, 28 déc.-2 janv. 1965, p. 1), où sont en général préférés ou bien des considérations sur l'avocat
en général (v. J.-M. Darrois, « Une ou des professions du droit ? Quel avenir ? », in Les avocats, op. cit.,
p. 5), notamment les grandes heures de la « République des avocats » (L. Willemez, « La " République des
avocats " . Le mythe, le modèle et son endossement », in M. Offerlé, dir., La profession politique, Belin,
1999, pp. 201) ou les juristes de droit pénal (M. Aron, Les grandes plaidoiries des ténors du barreau, Mareuil
éd. 2023, Y. Ozanam, dir., Les grandes plaidoiries : de l'affaire Calas au procès Pétain, La Martinière,
2011) et notamment les écrits d'avocats fameux. La question est d'autant plus curieuse que l'action des
juristes, et notamment des avocats, est majeure sur l'interprétation, la création, l'application du droit
(v. dans un domaine radicalement différent, M. Goya, Sous le feu, La mort comme hypothèse de travail,
Tallandier, 2014 et 2019, qui présente une exceptionnelle analyse du soldat en guerre, sans complaisance
ni faux- semblants).
91. V. infra, n° 122.
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