Mémentos - Théorie des organisations - 7e - 193

CHAPITRE 9 - Organisation et approches postmodernes
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postmoderne, chaque domaine de compétence est séparé des autres, et possède son
propre critère. Par conséquent, le « vrai » du discours scientifique n'est pas nécessairement
compatible avec le « juste » du politique, ou le « beau » de la pratique artistique.
Il en résulte des sociétés fragmentées où coexistent plusieurs codes sociaux et moraux
mutuellement incompatibles, d'où une relativité générale des discours, typique de la
pensée postmoderne.
Dans Le Différend (1983), Lyotard analyse les limites du droit à partir de la notion de tort.
Il montre que le langage lui-même est fragmenté, découpé en une pluralité
d'usages, donnant lieu à des énoncés spécifiques. Chacun de ces « jeux de langage »
est régi par des règles propres, incommensurables avec celles des autres jeux. Le tort
trouve son origine dans la coexistence de discours incommensurables, que nul principe
de justice, nul tiers ne peut concilier. L'extrait suivant (voir encadré) présente l'enjeu de
l'ouvrage Le Différend. A. y désigne l'auteur, c'est-à-dire Lyotard.
Enjeu
« Convaincre le lecteur (y compris le premier, l'A.) que la pensée, la connaissance, l'éthique, la
politique, l'histoire, l'être, selon le cas, sont en jeu dans l'enchaînement d'une phrase sur une
phrase. Réfuter le préjugé ancré en lui par des siècles d'humanisme et de « sciences humaines »
qu'il y a l'« homme », qu'il y a le « langage », que celui-là se sert de celui-ci à ses fins, que s'il ne
réussit pas à atteindre celles-ci, c'est faute d'un bon contrôle sur le langage « au moyen » d'un
« meilleur » langage. Défendre et illustrer la philosophie dans son différend avec ses deux
adversaires : à l'extérieur, le genre du discours économique (l'échange, le capital), à l'intérieur
d'elle-même le genre du discours académique (la maîtrise). En montrant que l'enchaînement
d'une phrase sur une phrase est problématique et que ce problème est la politique, ériger la
politique philosophique à l'écart de celle des « intellectuels » et des politiques. Témoigner du
différend. »
Source : extrait de « Le Différend » de Lyotard (1983).
Le discours moderne ne peut pas prétendre à l'universalité dans sa dimension consensuelle
du fait du caractère fondamentalement indécidable du langage. Le discours postmoderne
se caractérise comme la « recherche des instabilités » et estime que
l'atteinte d'un consensus est impossible.
Les thèmes des écrits post-modernes portent sur la centralité du discours et le rôle du
langage dans la constitution de la réalité. Ils s'interrogent sur la relation entre pouvoir
et connaissance, tout en rejetant les discours de progrès, d'universalisme ou l'idée de
rationalité. Ils introduisent ainsi la subjectivité au cœur de l'organisation, mettent
l'accent sur un monde changeant et posent la question de l'incohérence du sujet et de
l'identité non stable.
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