Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel -Tome 2. Les institutions de la Ve République - 20e - 63

CHAPITRE 3 - Le rôle du président de la République
nombreuses personnalités politiques de premier plan. De même, avec le gouvernement de Jean
Castex, c'est une équipe politiquement très pluraliste qui a été constituée après la « démissionrévocation » d'E. Philippe le 3 juillet 2020. Enfin, le président prône certaines des valeurs de la
droite et de la gauche.

b) Emmanuel Macron, grand instigateur de la concentration des pouvoirs
Le président Macron bénéficie d'une concentration des pouvoirs inédite sous la Ve République. Évidemment, le Premier ministre (Édouard Philippe) était le premier exécutant de la politique présidentielle, comparable à un « contremaître » dans une entreprise, et les membres du
gouvernement Philippe II étaient inféodés à l'Élysée, et soumis à une stricte discipline. La subordination de Matignon à l'Elysée devrait s'accentuer sous le gouvernement Castex.
Mais surtout, la prépondérance du président sur le Parlement est sans précédent depuis
1958 : ainsi, l'exécutif légifère par ordonnances dès le début du quinquennat, et sur des sujets
politiques très sensibles (v. p. 101). Cet abaissement du Parlement résulte certes de l'effondrement
du PS, de l'affaiblissement de LR, de l'apparition progressive de députés d'opposition qui se
proclament « macroncompatibles », mais aussi de l'émergence du nouveau parti majoritaire (LRM)
essentiellement composé de novices (inexpérimentés en politique, souvent très jeunes) : la constitution (inédite) d'une telle majorité parlementaire devait permettre au président de bénéficier du
soutien d'un groupe parlementaire LRM (initial) de 314 députés a priori totalement dévoués. En
outre, le président a organisé au profit de LRM et des députés « macroncompatibles » le
quasi-monopole des postes-clés à l'Assemblée nationale.
Enfin, le président a établi une verticalité du pouvoir en laissant de côté les corps intermédiaires
(élus locaux, syndicats, associations) : E. Macron a ainsi donné l'impression d'un exercice solitaire
du pouvoir, tout en exaltant la « démocratie participative » et la fondation d'une « République
contractuelle ». Dorénavant, le Sénat constitue le principal contre-pouvoir, mais avec le
renfort des groupes de pression et des exécutifs locaux, ce qui n'empêche pas l'Élysée de
recourir à la stratégie du « rouleau compresseur » lors de la réalisation de certaines réformes !
Toutefois, ce présidentialisme jupitérien se distingue de l'hyperprésidentialisme. À la différence de N. Sarkozy qui était omniprésent et se voulait le président de tout (v. pp. 55 à 58),
E. Macron n'est ni omniscient, ni omnipotent, tout en cultivant le mythe du chef ; le président a
certes lu un message au Parlement réuni en Congrès le 3 juillet 2017, à savoir la veille du discours
de politique générale d'É. Philippe (dans le cadre du 49. 1 C [v. p. 126]), mais sans reléguer son
Premier ministre à un rôle de simple répétiteur : dans un message humaniste l'Élysée a fixé le
cap, laissant à Matignon la délicate mission d'adapter à la réalité du terrain les promesses faites

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