Contextes - Littératures populaires du droit - 138

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LITTÉrATureS POPuLAIreS Du DrOIT

de droit commercial français et étranger d'ernest-Germain Hoechster,
ancien professeur de droit à l'université de Berne18, et d'Auguste Sacré,
tous deux avocats, comme Oudin19. La bonne maîtrise que ce dernier a des
langues étrangères, particulièrement latines, lui permet de se consacrer aux
droits anglais, italien ainsi que des pays d'Amérique du Sud20. Hoechster,
qui quant à lui, semble nettement dominer la production de l'ouvrage, se
penche sur le droit allemand ainsi que le récent droit alsacien-mosellan,
tandis qu'Auguste Sacré se concentre sur le droit français. Contrairement
aux manuels classiques, tournés essentiellement vers l'enseignement, celuici déclare s'adresser « aux jurisconsultes et commerçants ». Néanmoins,
l'architecture de l'ouvrage, peu originale, ne semble pas des plus adaptées
à un usage professionnel. Toutefois, la qualité de praticien affichée par ses
auteurs le destine à un lectorat non strictement universitaire21. À l'opposé,
c'est dans un but clairement scientifique que Léonel Oudin publie un Code
de commerce comparé en 187522. Dans la préface, il attribue à son ouvrage
la qualité de jalon pouvant servir à une unification du droit commercial,
qu'il appelle de ses vœux. Pour autant, son entreprise n'est pas dénuée de
tout intérêt. Celui qui se présente encore comme le « dévoué collaborateur »
18. Né vers 1810, l'on sait que Hoechster y enseigne le droit français en 1850 grâce à une
publication qu'il fait dans cette ville. Cf. ernst Hermann Höchster, Lehrbuch des französischen Strafprozesses, Jent und reinert, 1850. Il décédera en 1881.
19. e. G. Hoechster, Auguste Sacré, Léonel Oudin, Manuel de droit commercial
français et étranger, A. Marescq aîné, 1874. L'édition de 1855 (e. G. Hoechster, Auguste
Sacré, Léonel Oudin, Manuel de droit commercial français et étranger, A. Marescq et
e. Dujardin), pour laquelle les auteurs ont reçu les encouragements d'elzéar Ortolan,
a été suivie d'une première actualisation en 1859. Les auteurs se sont adjoints pour celleci, les services d'un troisième (e. G. Hoechster, Auguste Sacré, Léonel Oudin,
J.-M. Gardey, Manuel de droit commercial français et étranger, Gardey, 1859). Il s'agit
donc ici de la troisième édition. Par ailleurs, après la publication de leur ouvrage actualisé en 1874, Hoechster et Sacré y apportent rapidement un complément par deux autres
volumes, consacrés spécifiquement au droit maritime. Cf. e. G. Hoechster, Auguste
Sacré, Manuel de droit commercial. Droit maritime, deux tomes, A. Marescq aîné, 1876.
20. Sur la répartition du travail entre les auteurs, cf. e. G. Hoechster, Auguste Sacré,
Léonel Oudin, Manuel de droit commercial français et étranger, op. cit., pp. VII-IX.
21. La fin du xixe siècle voit en effet s'ériger entre la doctrine strictement universitaire,
et celle produite par les praticiens du droit, un véritable fossé. Alors que la première tente
d'affirmer une prépondérance sur la seconde, les champs universitaire et professionnel,
autrefois enchevêtrés, se clôturent peu à peu. Selon la séparation qui tend à s'établir, les
universitaires ne s'adressent presque plus qu'à leurs semblables et les praticiens s'écartent
d'écrits vus comme par trop théoriques, préférant ainsi les travaux de leurs homologues,
à ceux des professeurs. Cette distanciation entre les deux mondes se constate d'ailleurs aussi
bien dans le domaine du droit privé que dans celui du droit public. Cf. Pierre-Nicolas
Barénot, Entre théorie et pratique : les recueils de jurisprudence, miroirs de la pensée juridique française (1789-1814), thèse d'Histoire du droit, université de Bordeaux, 2014.
22. Léonel Oudin, Le Code de commerce mis en correspondance, article par article, avec
les principales législations étrangères, A. Marescq aîné, 1875.

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