CONTRÔLER LES FORCES DE POLICE une logique de supervision civile (où les enquêtes sur les déviances conduites par des policiers sont examinées a posteriori par des civils extérieurs aux organisations policières), puis une logique de contrôle civil (où l'investigation elle-même est confiée à des agents extérieurs aux forces de police). La seule supervision est remise en cause, car elle est considérée comme simplement symbolique et sans véritable effet sur les investigations internes. Faux-semblants et différenciations des organes de contrôle externe 116 Il convient cependant de ne pas considérer trop facilement que la diffusion de ces nouveaux organismes signerait une recomposition fondamentale des contrôles des forces de police. Outre leur diversité, il faut souligner les limites auxquelles de tels développements sont confrontés. Les limites au récit libéral On pourrait voir dans la généralisation des agences de contrôle externe l'avènement d'une police libérale, c'est-àdire d'une police soucieuse des droits individuels et dont l'usage de la force dépend d'un ensemble de règles dont le non-respect est sanctionné ; police marquée donc par l'existence de contrepouvoirs limitant les possibilités d'arbitraire de l'action policière. Pour autant, le récit d'une marche en avant inéluctable vers un contrôle externe accru doit se voir considérablement nuancé. D'abord, comprendre la genèse de ces nouvelles institutions demande de saisir les cheminements complexes qui peuvent y conduire. Aussi, rappelons que l'on assiste à bien des égards à une extension des pouvoirs de police (notamment en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme) ou à un durcissement des réponses policières (militarisation de la sécurité publique ou recours à des pratiques de répression des petits délits urbains, v. p. 84-